Aïe mes oreilles!

Le bruit est devenu source de nuisances dans nos espaces de travail. S"en protéger devient une priorité

À la différence du visuel, le monde sonore s’impose à nous. Il nous entoure. Au-delà de 80-85 décibels, l’oreille souffre. On parle alors de pollution sonore.

Les psycho-acousticiens appellent l’effet cocktail la capacité de notre cerveau à traiter tous les bruits perçus pour suivre une seule conversation, lors de regroupements de plusieurs personnes (cantines, bureaux, classes …) Ces espaces génèrent facilement un écho qui augmente le niveau du bruit ambiant, ce qui oblige à parler plus fort pour se faire comprendre.

 

PIEGES À SONS

Combien d’enseignants deviennent aphones après avoir forcé leur voix pour dominer le bruit, voire ramener le calme ! Les instits de la maternelle doivent gérer les enfants qui parlent et se déplacent, mais aussi les cris déchirants des petits séparés de leurs parents, les chamailleries, les petites voix aigües très agressives, le fracas des jeux de construction qui s’écroulent, le déplacement des chaises, tables… Ici la parade est d’étouffer les bruits en collant sous les pieds des meubles des patins voire des balles de tennis tailladées en quatre. Parler plus doucement devrait amener les enfants à baisser leur niveau sonore mais une bonne isolation acoustique du bâtiment est prévalente. On est en droit de demander une étude pour mesurer le bruit et demander des solutions.

Problèmes semblables dans les open-space, espaces de travail collectifs dans lesquels les différents postes ne sont pas séparés par des cloisons. Beaucoup se plaignent du bruit, source de stress et de difficultés de concentration. « On ne s’entend plus penser » Un directeur de ressources humaines dans le commercial et l’informatique confie : « Il est difficile de s’isoler quand il s’agit d’avoir des contacts téléphoniques avec des clients. On doit prêter l’oreille pour saisir ce que dit son correspondant. » Pour remédier à ce manque d’espace personnel, on met des « pièges à sons » entre les bureaux de type claustra, plantes vertes ou autres mais cela ne suffit pas à couper le bruit et chacun tend à hausser le ton pour être entendu de son interlocuteur. Le télétravail, mis en place depuis les années 2000 et surtout pendant la pandémie, est apprécié par certains, loin du bruit ambiant de l’entreprise. Mais d’autres préfèrent réintégrer leurs locaux professionnels, loin des cris de leurs enfants ou des travaux des voisins.

 

LA PLAIE DES TRANSISTORS

Dans l'industrie, les machines modernes sont moins bruyantes que les anciennes mais elles ont des gammes de fréquence élevées et donc très agressives pour l’oreille. Un conducteur de travaux, chef d’entreprise dans le BTP pendant 9 ans, témoigne :

« Mon activité de sciage et carottage avec des outils diamantés - entre autres - est génératrice de bruits à de très hautes fréquences. Mon personnel était donc équipé de casques anti-bruit, le hic est qu’il est souvent très difficile de faire accepter par les ouvriers les équipements de sécurité (casques, gants, harnais)  »

Autre plaie sur les chantiers, les transistors utilisés par les peintres, plaquistes ou carreleurs qui génèrent autant de bruits que les machines. Ils sont d’ailleurs interdits sur certains chantiers.

Une surdose de bruits entraîne fatigue et stress, acouphènes et peut provoquer des surdités.

Un processus de sécurité s’impose. Au niveau individuel, les casques, les tampons, les bouchons moulés individuellement aux oreilles, comme ceux des travailleurs de la SNCF dans l’entretien de la voierie ou ceux des poseurs des antennes 5G, sont efficaces si ces protections sont portées ! Au niveau collectif, on limite la réverbération du bruit à l’aide de mobiliers absorbants et d’isolations acoustiques au niveau murs et plafonds et en produisant des machines moins bruyantes.

Rappelons que le 8 octobre 2021, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a reconnu pour la première fois que disposer d’un environnement sain et durable est un droit humain.

À bon entendeur, bien entendu !

 

Ghislaine Dantin-Rocheron